Denis Deprez observe et documente l’évolution des sites en mutation. Les différents lieux de recherches sont des zones à la marge, interstices urbains en transition, abords de sites industriels ou pierriers d’altitudes soumis à la tectonique terrestre, ils offrent un temps, un espace pour se questionner, expérimenter, se réapproprier un futur à inventer. La méthodologie de la recherche sur le terrain intègre l’aléatoire, le laisser être, l’ouverture à la rencontre impromptue. La sérendipité rythme la recherche.

Les protocoles d’enquête s’adaptent et fluctuent selon le terrain. Une attention est portée à l’écologie du lieu (entre les humains, entre les plantes, entre les différents éléments qui participent à la dynamique du site). À partir de l’accumulation des relevés vidéographiques et photographiques collectés sur le terrain, une matière réflexive s’organise. Les processus de recherche passent notamment par des discussions, des dialogues à propos de montages successif de rushs vidéo, de mises en pages (textes/images) qui prennent la forme de publications, de photographies qui cadrent mais restent sujets à interprétations.

Les images sont produites en dialogue avec l’écosystème du terrain ( rythme lent ou plus énergique, plans fixes ou caméra à l’épaule, texte slogan, affiches narratives ou récit structuré, dessins ou photographies, cartographie, etc.). Les formes restent ouvertes et non cernables. Elles trouvent leur lisibilité à travers l’ensemble qui reste lui aussi ouvert, il n’y a ni début ni fin mais des fragments assemblés.

L’analyse sur le terrain s’effectue dans la durée, de ce fait le point de vue évolue à travers un lent «carottage » du réel. Le temps des recherches réalisées sur plusieurs années entraine une variation et une évolution de plus en plus profonde de l’image et du récit du site en mutation qui en retour transforme le projet.